La maison Agnelle, maître gantier depuis 1937, fête cette année ses 80 ans. Dans la mode, dans le luxe ce n’est pas parce que l’on revendique une certaine légitimité dans son domaine de compétence que l’on doit se croiser les doigts ou baisser les bras sur l’originalité de sa création. Si chez Agnelle on est fier d’un héritage vieux de 80 printemps, on hésite pas non plus à faire confiance à de jeunes talents pour twister son patrimoine créatif grâce à d’originales collaborations. Dernière en date, une collection de gants imaginée avec Louis-Gabriel Nouchi. Bon anniversaire !
Sous l’impulsion de sa présidente Sophie Grégoire, Agnelle collabore avec les plus grandes marques de mode et de haute-couture. La maison n’hésite pas non plus à se tourner régulièrement vers les talents émergents de la mode pour remettre au goût du jour cet accessoire indiscutablement élégant et raffiné que sont les gants. Aujourd’hui c’est au tour du jeune créateur de mode Louis-Gabriel Nouchi de toucher du bout de ses dix doigts et avec talent, le temps d’une surprenante collaboration, les gants Agnelle ! Si vous suivez l’actualité de la mode, vous ne serez pas surpris d’apprendre que Louis-Gabriel Nouchi faisait parti de la sélection du festival de la mode de Hyères en 2014. Il est diplômé de la prestigieuse école de La Cambre en Belgique. Après avoir été formé chez Raf Simons, il signe sa première collection capsule pour les Galeries Lafayette en 2015. Il collabore ensuite avec La Redoute et le salon Who’s Next en 2016, pour arriver à cette collaboration avec la ganterie Agnelle.
Louis-Gabriel poursuit son exploration de la mode autour d’un travail qui conjugue volumes oversized et graphisme architecturale du vêtement. Je me replonge dans les photos que j’avais prises de sa collection présentée au Festival de la mode de Hyères en 2014 et je constate que tout était déjà là, un univers créatif à plusieurs niveaux de lecture et recherché. Pour sa collaboration avec Agnelle, Louis-Gabriel a été fortement influencé par l’incontournable film d’animation japonais des années 90, «Akira» de Katsuhiro Otomo. Pour les adolescents des 90’s dont je fais parti, c’était un dessin animé extrêmement marquant, violent, perturbant et définitivement tourné vers une société ultra urbaine et apocalyptique. C’est il me semble un point de départ intense pour imaginer un accessoire de mode. Les gants de la jeunesse désœuvrée du film, perdue dans une immensité urbaine en crise, prennent des allures couture, avec des mélanges de matières cuir/ fourrure/ néoprène. Triptyques de couleurs radicales (noir / blanc / rouge), les logos de la moto de Tetsuo incarnent des messages forts, revendications en résonance avec notre époque actuelle.
Essayons de ne pas verser dans une interprétation trouble de notre temps mais voyons cette collection de gants comme un élément stylistique d’expression marqué, fort, qui fait honneur au travail réalisé avec soin par les artisans coupeurs et couturières de la maison Agnelle. Des accessoires qui deviendront objets de fantasme, peut être même de culte pour tous les fétichistes de l’élégance. Toutes les informations sur cette collaboration sont à retrouver sur le site Agnelle.
© Photos - Emilie Gomez